Hameau des Braches, début 1959...
- Vindiou!...ça me fait drôlement plaisir de revoir ta petite frimousse! Et je suis loin d'être le seul!
- Merci Mr Debaffe! Vous aussi, vous m'avez manqué.
- Ta ta ta! Ne me donne pas du monsieur! Tu peux m'appeler Raymond!
- Alors, le jeune!? Qu'est-ce que tu dis de beau? Tu es en permission?
- Oui, j'ai obtenu une semaine de congé. C'est peu, mais je dois faire avec... Je n'ai pas trop le choix... C'est que... ça barde, là-bas...
- Tes parents devaient être pressés de te revoir...?
- M'en parlez pas... Il se sont fait beaucoup de mouron pour moi. C'est compréhensible...
- C'est pas bien de donner du souci à ses géniteurs!... Je te charrie! Je sais bien que t'y es pour rien... T'es sûr que tu préfèrerais pas reprendre mon activité...? C'est que le temps passe! Je dois bientôt rendre mon tablier, moi!
- C'est bien gentil, Mr Deb...
- Tut tut tut! J'tai dit de m'appeler Raymond..!
- Euh... oui Raymond... Je vous remercie de me faire cette proposition, mais... en fait, j'ai d'autres projets.
- Ah bon? Et quels sont ces projets?... Raconte moi-ça, pendant que je gare l'engin...
- J'ai l'intention de devenir boulanger. Le beau-frère de Gaston a besoin d'un apprenti. J'espère pouvoir un jour travailler à mon compte...
- Boulanger..? Ah, ça se défend, même si ça ne mange pas de pain... Mais non, je te taquine ! T'en as parlé à Juliette?
- Non, pas encore. Je n'en ai pas eu l'occasion. On finalisera tout cela après mon retour d'Algérie. On a l'intention de se marier.
- Tiens, tu vas m'aider! Tiens-lui la tête et guide-le pendant que je le pousse !
- Bêêêêh !
- Bêeêêêh !
- Et voilà le travail ! Une bonne chose de faite... Je te dépose ? Allez viens, le gradé ! On va boire un pot chez Fernand, au Bar du Coin.
- Merci bien, mais je vais devoir décliner. Là, on m'attend...
- Hop hop hop ! Crois-en mon expérience... Il n'est jamais bon de contrarier le père Debaffe... Quand celui-ci te dit d'aller prendre l'apéro, tu vas prendre l'apéro ! Point. Non mais... C'est pas parce qu'on est militaire qu'il faut m'apprendre à manier mes troupes, tout de même !
- Bon ben, puisque vous insistez...
- Et comment que j'insiste !
A suivre...